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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 16:48

 Epidémie de choléra à Bonou 

« Ce qui tue, c’est la déshydratation » dixit le Dr Eric DOHOU»

 Une épidémie de choléra s’est déclenchée depuis le 13 janvier 2010 dans la commune de Bonou et a déjà enregistrée cinq morts. Depuis lors une psychose a gagné les populations. C’est pour mieux appréhender la question que votre journal a rencontré pour vous le médecin-chef de Bonou, Dr Eric DOHOU qui nous a accordés une interview pour faire la lumière autour du sujet et rassurer les populations de cette localité.

                  

Les Echos de la Vallée : Depuis quelques jours on parle d’une épidémie de choléra qui sévit dans la commune de Bonou. Est- ce là des rumeurs ?

Dr Eric Dohou : Epidémie de choléra. Non, nous ne pouvons pas encore parler d’épidémie de choléra puisque les prélèvements de selles que nous avons eu à faire ne confirment pas encore le choléra. Nous pouvons pour le moment dire que c’est une épidémie de diarrhée et vomissement. Les analyses sont en cours pour détecter le germe et je crois que d’ici à là nous aurons plus de précision.

 Depuis quand cette épidémie s’est déclenchée ?

Depuis mi-Janvier par quelques cas isolés de patients présentant un état non alarmant. C’est pratiquement à partir du week-end du Samedi 23 Janvier qu’on a commencé par enregistrer plusieurs cas simultanés dans les deux Centres de santé de Damè – wogon à savoir les centres d’Assrossa et de Damè.

Un bilan à mi parcours ?

Trois cas de décès enregistrés au niveau de la commune de Bonou et un  cas à Avlankanmè, un village situé derrière le fleuve de l’Ouémé et qui appartient à la commune de Zogbodomè, dans le Département du Zou. Et là, c’est le chef de ce village qui en est décédé. Et la plupart ont perdu du temps à la maison avec de fréquentes diarrhées avant de venir au centre de santé.

Combien de patients avez-vous déjà reçus ?

D’abord je dois préciser que le foyer, c’est l’arrondissement de Damè-Wogon, où tous les villages sont touchés à savoir les villages d’Ahouanzonmè, d’Avlankanmè, Gnanhouizoumè, d’Assrossa et de Damè. Et nous n’avons que trois centres de santé pour la prise en charge des patients. Il s’agit des centres de santé de Damè, d’Assrossa et le centre de santé communale. Et vous savez, ce qui tue, c’est la déshydratation. Et lorsqu’un patient vient au centre de santé tout déshydraté, il lui faut jusqu’à quarante flacons de solutés avant qu’il ne se retrouve.

Quelles causes militeraient en faveur de cette épidémie, selon vous ?

Vous voyez que dans le mois de Janvier, c’est la période de décrue. Or pendant la crue le débordement des eaux du fleuve Ouémé fait inonder les villages lacustres de la vallée de l’Ouémé. Toutes les maisons ne disposent pas de latrine. Il y a même certaines latrines qui sont mal construites par rapport à leur position. Ce qui fait qu’à la crue, l’eau se mélange à tout ça. Et à la décrue maintenant, l’eau ramène tous ces déchets. Vous vous imaginez, faute de latrine, dans les localités riveraines de la commune de Bonou, les populations continuent à déféquer dans le fleuve, les femmes y lavent les couches et autres, et c’est l’eau de ce même fleuve qui sert directement de l’eau de consommation sans autres formes de traitement. Cette eau est très dangereuse pour la santé. Surtout pendant la décrue où elle est presque stagnante.

Quelles actions menez –vous face à cette question de santé publique ?

Il faut d’abord dire que le lundi 25 Janvier dernier, nous avons bénéficié d’une forte délégation composée du directeur Départemental de la santé de l’Ouémé Plateau, Hubert Dédjan, les autorités de la mairie, le médecin coordonnateur, le ministère qui s’est rendue dans chacun des villages concernés. La mairie a pris des engagements pour mettre en service les points d’eau qui ne fonctionnement plus dans certains villages. La commune de Bonou dispose d’un seul agent d’hygiène. Donc pour la sensibilisation, nous avons dû faire appel aux deux agents d’hygiène d’Adjohoun et aux deux agents de Dangbo pour renforcer l’équipe. Ils passent dans les maisons, de village en village pour distribuer les comprimés d’Aquatabs qui rendent l’eau propre pour la consommation. Tout cela entre dans le cadre des actions préventives.

Maintenant revenons aux actions curatives ?

Une personne qui fait la diarrhée et vomissement et qui vient vite au centre de santé, on ne doit pas la perdre. Et lorsque le malade est déjà déshydraté, je l’avais dit, il lui faut à peu près une quarantaine de flacons. Et avec l’aide de la direction et du ministère, nous avons distribué assez de solutés dans les trois centres. Nous avons également renforcé l’équipe des infirmiers et aides soignants au niveau des centres pour éviter le débordement.

Donc on peut dire que la prise en charge est sans faille ?

Oui, les patients sont bien pris en charge. Et tout le traitement est gratuit. Les flacons, nous les servons gratuitement. Maintenant, il y a une chose, ce qui tue, c’est la déshydratation. Et le traitement pour la réhydratation, nous le faisons gratuitement.

Dr, est-ce que la maladie est contagieuse ?

Toute maladie diarrhéique est contagieuse. Et dans le cas d’espèce, si le test confirme que c’est le choléra, là, il faut savoir que le choléra est à la fois plus contagieux et plus virulent que la diarrhée. C’est pourquoi il faut prendre des précautions.

De quelles précautions s’agit- il ?

Premièrement, se laver les mains à l’eau et au savon après les selles, avant de manger, il faut se laver correctement les mains. Qu’on soit riche, pauvre, enfant ou adulte, il faut chaque fois prendre la peine de se laver proprement les mains avant de manger car la diarrhée ne connaît pas le riche. Deuxièmement, tous les aliments doivent être consommés à chaud, les crudités, bien lavées. Il faut éviter actuellement tout ce qui est frais. Troisième chose, les vendeuses ambulantes et même à la maison, on doit protéger les aliments contre les mouches. C’est indispensable puisque les mouches circulent partout. Au point quatre, à défaut de latrine il faut faire les selles dans les fosses à recouvrir immédiatement. Autres choses, boire de l’eau potable, et éviter de fréquenter les malades. On dit souvent un garde malade pour un malade. Sinon, ce sont encore des sources de contamination du germe. Et je dis à l’endroit de la population, si une personne fait les selles liquides à la maison une 1ère fois, il faut que la 2ème fois soit dans un centre de santé.

Avec de nouveaux cas chaque jour, les populations ont peur ?

Non, il faut qu’elles soient rassurées. Il n’y aura plus de décès et je crois que cette épidémie va vite s’estomper.

 Propos recueillis par René KPANOUKPE     

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