Editorial : Le cocorico des courtisans en Do mineur

Le chant élogieux exécuté par la horde des partisans qui avait envahi le palais des gouverneurs s’est brusquement arrêté ; pourtant le maître d’orchestre continue de battre la mesure comme si de rien n’était. C’est ainsi que les oreilles dressées pour écouter la mélodie du changement à commencer par enregistrer une cacophonie organisée par les partisans du pouvoir FCBE qui sont peut-être fatigués de chanter le même refrain. Pendant ce temps les courtisans s’organisent dans l’échiquier, fixé dans l’arène politique. J’ai du mal à boucler la longue liste des partis politiques qui se dressent sur ma vue. A mon compteur, j’ai environ 200 partis politiques, flanqués chacun de chef de parti, taillé, qui dans le roc, qui dans le bois. Beaucoup d’entre eux sont nés en 2009 mais ils ne dérogent plus à la règle commune : celle de chanter le cocorico. Nés pour combattre, ils empruntent le chemin de la rivière, brandissant les armes qu’ils n’ont pas. Ils prétendent être nés avec des dents et jurent d’engager le prince dans des victoires certaines. Ils ont peut-être acquis, à leur naissance, plus de gabarit que leurs aînés, plus d’autorité pour faire de grands déménagements. Les maîtres chanteurs de ces regroupements fantaisistes pour la plupart n’ont d’yeux que pour le prince du changement, exprimant à tout le monde leur intime conviction ; patriotes convaincus, élus du peuple, militants trompeurs et anciens maires rentrent dans la danse et se donnent aux yeux du peuple une nouvelle légitimité ; pendant qu’ils couvrent d’éloges mensongères le prince, leurs aînés, rebelles et provocateurs fouillent dans les livres de la convention pour éditer sur leur territoire une loi commune.  Ils chantent plus fort leur cocorico, pourvu que le vent emporte la mélodie vers la Marina. Il me semble, cependant que le cocorico a acquis une valeur commerciale ; l’excitation ambiante à la création de nouveaux partis politiques est la preuve que pour prendre part à la foire prochaine, il faut porter la casquette de maître chanteur, condition sine qua non pour pêcher plus tard dans la rivière. Dans ce concert de chants louangeurs, il faudra  mériter les applaudissements des spectateurs patriotes ; pour ce faire, il faut chanter le cocorico en Do majeur plutôt qu’en Do mineur. Vive le cocorico des courtisans ! Et Vive le Prince !

Par Martin Aïhonnou