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17 janvier 2016 7 17 /01 /janvier /2016 18:45

« Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai la terre », ainsi s’exprimait Archimède de Syracuse de Sicile, trois siècles avant notre ère; comme pour trouver le rapport de deux bras qui donne l’amplitude de l’effet de levier, les jeunes cadres de la vallée de l’Ouémé se sont réunis dans un creuset pour actionner le développement de leur milieu.

Votre journal a rencontré pour vous, le président de ce creuset.

Les Echos de la Vallée : Bonjour Docteur Bertin DANSOU, vous êtes originaire de la Vallée de l’Ouémé et vous avez initié avec les cadres de votre région, un creuset des cadres de la vallée. Pouvez-vous nous parler de vos réelles motivations ?

Docteur DANSOU Bertin : Merci ! Monsieur le journaliste pour votre quête d’informations et de sensibilisation des couches les plus défavorisées de notre peuple. D’abord deux constats expliquent et justifient notre initiative. En effet, un groupe de cadres de la Vallée de l’Ouémé, après observations et analyses sur le développement des wémènous, a abouti à la conclusion que les associations et les retrouvailles festives ne peuvent pas , seules , conduire au développement socio-politique et économique de nos populations.

Ils estiment plutôt qu’il n’y a pas de développement durable en dehors de l’engagement social ou économique mais surtout politique des fils et filles de la Vallée .Ce qui doit se traduire d’ailleurs par un militantisme de qualité au sein de partis politiques forts , pourvoyeurs d’élus, de leaders et de managers, capables de comprendre et de mettre en œuvre les exigences fonctionnelles, directionnelles et de gouvernance des Plans de Développement Communaux (PDC) d’une part et de la vision d’intercommunalité voire de coopération décentralisée de l’autre .

Eclairez-nous davantage sur cet aspect ?

Monsieur le journaliste, ce que je dis est une suggestion-remède ; c’est d’ailleurs le résultat d’une étude diagnostique basée sur l’histoire politique de la Vallée de l’Ouémé. L’évidence est indéniable que la Vallée de l’Ouémé demeure le parent pauvre et même l’épouse délaissée de la mise en œuvre des politiques de développement de cette vallée, en dépit des potentialités agricoles, économiques et humaines de celle-ci.

Le désintérêt à valoriser la vallée afin d’engager son véritable développement économique remonte à l’accession du Dahomey à l’indépendance. Ce comportement a été aggravé par le régime révolutionnaire béninois, puis il a été gangrainé par des pratiques malsaines, égocentriques , frauduleuses et hypocrites de certains politiciens locaux. Car depuis l’indépendance, très peu de régimes politiques ont pensé à élaborer et conduire un plan sérieux de mise en valeur des potentialités agricoles de cette riche vallée.

Le gouvernement du Dr Boni Yayi a pourtant initié des projets, certains projets dans l’intérêt de la vallée de l’Ouémé ; j’en veux pour preuve, le PAIAVO ?

Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas, parce que les projets dont vous parlez, sont des pseudo-projets de valorisation de la Vallée de l’Ouémé ; ils sont initiés avec la complicité perfide ou coupables de certains fils du milieu qui aident, par-dessus le marché, à orchestrer des tapages médiatiques sonnant même le glas desdits projets avant la mise en exécution dans la vile intention de vanter l’image de cette région agricole à des fins purement propagandistes et électoralistes.

La vallée de l’Ouémé reste l’une des régions ayant beaucoup souffert de la mauvaise gouvernance dont la période révolutionnaire a été aussi marquée. Sous ce régime hostile aux libertés et à la promotion de l’initiative privée, les rares investisseurs qui s’intéressaient à la vallée de l’Ouémé, ont dû se sauver en abandonnant au passage les entreprises agricoles qu’ils y ont installées.

L’espoir renaquit certes après la conférence des Forces vives de la Nation de février mil neuf cent quatre-vingt -dix. Mais, il fut vite avorté ; et depuis l’ère du renouveau démocratique, rien n’a véritablement changé dans la vallée. Les gouvernements successifs de la période du Renouveau Démocratique ont accordé très peu d’attention au vrai développement de la vallée par la promotion de ses cadres et la mise en valeur de ses potentialités agricoles.

Au contraire, les cadres de la vallée sont pour la plupart frappés d’anathème et exclus des postes de responsabilité à gros enjeux et impactes pour le développement de cette région. Ils ne sont sollicités, en raison de leur courage ou de la qualité de leurs idées, que pour des missions techniques aux moyens financiers arides et très épisodiques. Le comble de la mesquinerie et du ridicule est parfois la nomination de l’homme qu’il ne faut pas à la place qui n’est la sienne alors même que ces autorités attendent paradoxalement de très bons résultats, ignorant du coup les principes fondamentaux d’un déterminisme socio-politique.

Au vu de ce diagnostic pouvez-vous nous faire une lecture socio-politique qui dévoile les obstacles inhérents au recul de cette vallée que l’on dit, pourtant la plus riche après le Nil ?

Pour la petite histoire enrichie d’informations gagnées des entretiens entre l’ancien député François Sounouvou et autres politiques ou notables natifs de la vallée, avant les indépendances, la vallée de l’Ouémé était partagée entre le PRD de Sourou MIGAN APITHY, le RDD de Hubert Koutoukou MAGA et l’UDD de Justin Tometin AHOMADEGBE.

Avec les élections des 2 et 23 avril 1959, marquées par la démission entre-deux tours de leurs postes ministériels d’Alexandre ADANDE, de Louis-Ignacio PINTO et d’Emile DERLIN ZINSOU, le PRD de APITHY est venu en tête. Les rancœurs personnelles entre AHOMADEGBE et APITHY ont amené le premier à conclure une alliance avec le RDD de MAGA.

Le 21 mai 1959, APITHY a démissionné et a été remplacé par MAGA. L’élection à la présidence de la République du Dahomey a conduit à la formation, le 9 mars 1960 du Parti des Nationalistes du Dahomey (PND), qui regroupait le PPD de ZINSOU et le PRD de APITHY. Mais soucieux de barrer la route au PPD, l’alliance MAGA et AHOMADEGBE soutinrent la candidature de MAGA qui a été élu premier président du Dahomey, le 26 juillet 1960. C’est ainsi que Hubert Koutoukou MAGA a eu l’inattendu, l’insigne et l’historique honneur de proclamer l’indépendance du Dahomey le 1er août 1960.

A l’accession de notre pays à l’indépendance, l’un des fils de la vallée, Oké ASSOGBA ,a été très tôt associé à la gestion de la chose publique respectivement en qualité de ministre des affaires étrangères, de l’éducation nationale et de la fonction publique sous le Président Hubert Koutoukou MAGA .La rigueur de ce fils de la vallée explique les changements successifs de postes ministériels qui ont caractérisé son passage aux affaires.

Les militaires qui, en ce moment ont horreur des casernes, n’ont pas hésité à déposer le Président MAGA et son équipe le 28 octobre 1963. Le Colonel Christophe SOGLO devint Président de la République. En janvier 1964, le pays est revenu au régime de gestion civile. Sourou MIGAN APITHY puis Justin Tometin AHOMADEGBE assuraient les fonctions de Président de la République.

Mais une nouvelle crise politique amena les militaires à reprendre le pouvoir. Le général Christophe SOGLO présida alors un Comité de rénovation nationale qui entreprit d’assainir l’économie et les finances du pays, mais des grèves ont éclaté en 1967. Le gouvernement est renversé le 17 décembre par le commandant Maurice KOUANDOTE qui a installé un comité révolutionnaire chargé de superviser l’action du gouvernement provisoire, de constituer une commission constitutionnelle et de contrôler les biens des anciens gouvernants.

La nouvelle Constitution, approuvée le 31mars1968, a établi un régime de type présidentiel. Emile DERLIN ZINSOU devint Président de la République, mais il a été très tôt renversé par un nouveau coup d’État qui l’a remplacé par une direction militaire le 10décembre1968. Un Conseil présidentiel, composé des trois partis traditionnels est instauré le 7mai1970 ; il installa une organisation qui devait permettre la cohabitation des trois chefs de partis traditionnels.

Le 26 octobre 1972, le Dahomey, jadis Quartier Latin de l’Afrique, devenu l’enfant malade de l’Afrique, du fait de ses coups d’Etat militaires cycliques, a enregistré un nouveau renversement de pouvoir qui mit fin au monstre à trois têtes. C’est ainsi qu’une Révolution militaro-marxiste-Léniniste, dirigé par le colonel Mathieu KEREKOU prit le pouvoir par la force armée et a imposé pendant dix-sept (17) ans la terreur au peuple dahoméen. Il a fallu l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990 pour en venir à bout. Pendant ce long règne des militaires, nombre de filles et fils de la vallée ont été emprisonnés, ruinés, contraints à l’exil ou à la précarité.

Après la Conférence des Forces Vives de la Nation, une nouvelle constitution consacrant les droits fondamentaux de la personne, a été adoptée au référendum du 02 décembre 1990 et promulguée le 11 décembre 1990. Cette nouvelle constitution a proclama le multipartisme intégral mal inspiré dont la vallée de l’Ouémé aura été l’un des chantiers d’expérimentation.

Conséquence, à chaque joute électorale majeure, la vallée de l’Ouémé est transformée en une foire aux voix insusceptible de donner l’occasion à la région de faire la preuve de sa cohésion derrière un projet de société porté par un candidat qui prenne en compte les aspirations profondes des fils et filles de la région.

C’est cette situation de clochardisation ,de précarisation , de marginalisation et de fragilisation des politiques , natifs ou sympathisants de la Vallée de l’Ouémé qui a attiré l’attention de ce creuset de cadres en gestation dont la mission principale est de réfléchir, de travailler et d’agir pour le développement des communes de la Vallée de l’Ouémé.

Quelle est alors la meilleure solution pour amorcer le développement de la vallée de l’Ouémé et la promotion de ces cadres ?

Inspirés par les données historiques ci-dessus mentionnées et conscients que le mal perdure et demeure endémique, les cadres de ce regroupement pensent qu’il urge de fédérer les énergies à travers un creuset fort, rassembleur et dynamique, capable de porter les idéaux de développement socio-politique et économique ou d’épanouissement de la région wémè.

Quelles sont vos ambitions ?

Le creuset ambitionne, par ailleurs de :

-contribuer à la mise en œuvre des plans communaux de développement avec grand succès ;

-travailler à rendre utiles les suffrages des fils et filles de la vallée ;

-œuvrer au changement de mentalités, à la participation des populations de la vallée de l’Ouémé à la gestion des affaires publiques,

-œuvrer au développement équilibré de toutes les communes de la Vallée de l’Ouémé,

-mobiliser et organiser les populations de la vallée de l’Ouémé autour des intérêts de la région Ouémé,

-lutter contre l’injustice, l’indiscipline , la corruption, l’ethnocentrisme et toutes autres pratiques, amorales, illégales et rétrogrades,

-cultiver la fraternité, la solidarité et le patriotisme,

-assurer la formation civique et politique des populations de la Vallée de l’Ouémé,

-veiller à une juste et équitable redistribution du revenu communal et des opportunités de promotion des filles et fils de la vallée de l’Ouémé,

-établir et entretenir des relations d’amitiés, de solidarité et de coopération avec tout mouvement ou parti politiques ou alliance de partis politiques de la Vallée ou d’ailleurs qui poursuivent les mêmes idéaux,

-dénoncer toute rupture du contrat social ou violation flagrante des textes de la République à travers des communiqués et conférences de presse ;

-assurer aux jeunes des possibilités de formation et d’emploi, des tournois et autres loisirs de vacances;

-favoriser l’intercommunalité.

Votre mot de fin ?

Je souhaite bonne fête des Wémènous à toutes et à tous et invite les filles et fils de la vallée de l’Ouémé à souscrire massivement à ce nouveau contrat social, porteur de cohésion, de fraternité et de développement. Le creuset des cadres dela vallée de l’Ouémé reste donc ouvert à tous les autres cadres désireux d’œuvrer sincèrement pour le développement de la région. Ledit creuset est également dans la dynamique de sceller de partenariats avec les élus locaux, autres acteurs et populations de ces communes de la vallée pour la même cause.

Je vous remercie

Interview réalisé par Martin Aïhonnou

Dr. Bertin DANSOU, professeur assistant dans les universités de Kétou et d'Abomey-Calavi

Dr. Bertin DANSOU, professeur assistant dans les universités de Kétou et d'Abomey-Calavi

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